

Les Technologies PLASMA & LCD
Page
d'annexe.
Partie
III
:
La technologie LCD
a)
Fonctionnement
Historique
L’invention du terme
"cristal liquide" date de 1889 ! Cela
dit, il faudra attendre 1968 pour que le RCA
s’intéresse au phénomène et invente le premier
afficheur à cristaux liquides. En 1969, James Fergason découvre l’effet TN : twisted nematic. Ce
fut une découverte fondamentale dans la mesure où
tous les écrans LCD que nous connaissons sont basés
sur ce principe de rotation du plan de polarisation.
En 1973, G. Gray invente le cristal liquide
biphénile qui permet de mettre en place des
solutions à cristaux liquides stables aux conditions
de pression et de températures ambiantes. Et dès
1986, NEC produit le premier ordinateur portable
doté d’un ACL (afficheur à cristaux liquide pour les
francophones, LCD pour le reste de la planète). En
1995, on commence à produire des dalles LCD de
grandes diagonales, supérieures à 28 pouces. Il est
intéressant de constater que si le plasma est un
produit plutôt audio-visuel, le LCD est venu à
maturité par la voie de l’informatique et des
produits mobiles.
LCD, un principe de base curieux
La principale
différence entre le plasma et le LCD tient au fait
que les pixels LCD n’émettent aucune lumière. De là
sont dérivées toutes les qualités mais aussi tous
les défauts des afficheurs dans cette technologie.

Un pixel est constitué de trois sous
pixels de couleurs élémentaires. Le principe de
fonctionnement est intéressant : le LCD n’émet
aucune lumière mais se comporte comme un
interrupteur. Ainsi, un écran LCD dispose d’un rétro
éclairage blanc. La lumière émise par le rétro
éclairage passe à travers le cristal liquide avant
d’être colorée par un filtre. Chaque sous pixel
dispose donc de la même architecture, seul le filtre
de couleur change au final. On peut contrôler
électriquement le cristal liquide de chaque
sous-pixel comme une vanne. On laisse passer plus ou
moins de lumière à travers le cristal. Ce faisant,
on module la quantité de rouge, de vert et de bleu
pour chaque pixel.
Dans le détail
Voyons comment fonctionne cet
interrupteur à lumière.

Le rétro éclairage émet une lumière
blanche, naturelle, non polarisée. La polarisation
de la lumière est dictée par l’orientation de son
vecteur champ électrique. Sans entrer trop dans le
détail, la lumière est une onde électromagnétique et
perpendiculaire à son sens de déplacement, on trouve
ses vecteurs champs électriques et champs
magnétiques. Une lampe émet une lumière non
polarisée. Le champ électrique peut prendre
n’importe quelle direction perpendiculaire à l’axe
de propagation de la lumière. Lorsque la lumière
passe dans un polariseur, la lumière qui en ressort
dispose d’un vecteur champ électrique orienté selon
une direction connue (verticale dans l’exemple). Si
on fait passer cette lumière à travers un deuxième
polariseur, perpendiculaire au premier (horizontal
dans l’exemple), plus aucune lumière ne ressort.
Mais si on intercale un cristal liquide entre ces
deux polariseurs, le cristal fait tourner le plan de
polarisation de la lumière pour l’aligner avec le
polariseur de sortie et alors, la lumière passe.
C’est cette propriété naturelle du cristal liquide
qui lui vaut son succès dans les techniques
d’affichage.

Maintenant, si on impose une tension
continue de part et d’autre du cristal liquide, les
cristaux s’orientent selon cette différence de
potentiel, un peu comme un aimant s’oriente selon le
champs magnétique terrestre. En ne permettant plus
la rotation du plan de polarisation, la lumière ne
passe plus à travers le polariseur horizontal
puisqu’elle reste polarisée verticalement. Le
faisceau lumineux est donc interrompu.
Adressage des matrices LCD
L’adressage des matrices passives LCD
est assez proches de l’adressage des matrices
plasma. Une électrode de face, commune à la colonne
complète, permet d’acheminer la tension voulue.
L’électrode de derrière, commune à toute la rangée,
achemine la masse.
Les inconvénients de la matrice
passive sont nombreux et connus. Les dalles sont
lentes et peu précises. A cela deux raisons. La
première tient au fait que le pixel, une fois
adressé, commence à reprendre doucement son état
normal, créant ainsi un flou dans l’image. La
seconde est due au couplage capacitif existant entre
les lignes d’adressage. Ce couplage rend peu précis
la propagation de la tension et vient contaminer les
pixels avoisinant.
Pour remédier à ces problèmes, les
constructeurs ont eu recours à la matrice active :
TN + film.

L’astuce consiste à ajouter un
transistor par pixel. Ce transistor fonctionne ici
comme un interrupteur : lorsque l’interrupteur est
fermé (on), on peut écrire une donnée de data-line
vers la capacité mémoire. Lorsque l’interrupteur est
ouvert (off), la donnée reste sur la capacité qui
fonctionne alors comme une mémoire analogique. Les
avantages de cette technologie sont très nombreux.
Lorsque l’interrupteur se ferme, la donnée reste
stockée sur la capacité, le cristal liquide aura
donc une tension constante à ses bornes même lorsque
les lignes adresseront un autre pixel. Il ne
reviendra donc pas à sa configuration initiale comme
c’était le cas sur la matrice passive. Ensuite, le
temps d’écriture sur la capacité est bien plus
faible que le temps de rotation du cristal, on peut
donc écrire la donnée et adresser immédiatement un
autre pixel sans attendre.
Cette technique est devenue si
populaire de nos jours qu’elle a donné son nom, par
abus de langage aux moniteurs LCD. Les transistors
implémentés dans cette solution sont des Thin Film
Transistor des « TFT ».
Les tensions mises en jeu sont bien
moins grandes que pour le plasma. Pour faire
fonctionner un pixel TFT, il faut des tensions de
l’ordre de –5 à +20 volts, on est loin des valeurs
extrêmes des dalles à plasma.
LCD, un
peu de lithographie…
Le procédé de fabrication des TFT est
très proche de celui des semi-conducteurs que nous
connaissons.

Sur un substrat de verre, on vient
déposer du chrome qui servira de grille métallique
pour le transistor et de capacité de stockage. Puis,
on vient déposer un oxyde de silicium mince pour
l’oxyde de grille et le diélectrique de la capacité.
Afin de créer un canal pour le transistor, on
utilise un dépôt de silicium amorphe. Deux zones
sont ensuite dopées N+ pour la création du drain et
de la source. Pour finir, un niveau d’interconnexion
métallique est déposé afin de connecter plus
efficacement le transistor (à gauche) à la capacité
mémoire, (à droite). Cette couche métallique
permettra également la connexion du bus de données
métallique. La grille de chrome, reliant tous les
transistors d’une même ligne, servira de ligne
d’accès horizontale. Enfin, on recouvre le tout d’un
oxyde de passivation, permettant de protéger les
composants de toute agression extérieure.
Les transistors sur silicium amorphe
étant de très mauvais transistors comparés aux
transistors sur substrat dopé, une tension négative
(-5 V) sur la grille permet d’être sûr que le
transistor est ouvert (off). Une fois le transistor
déposé, on peut procéder au dépôt du cristal
liquide.

Une entretoise (spacer) est ajoutée
afin d’éviter l’écrasement des deux couches de
verre. On dépose ensuite le cristal liquide, une
électrode ITO qui servira d’électrode de référence.
Ensuite viennent les filtres de couleurs (vert dans
l’exemple), la plaque de verre avant et un autre
polariseur, orienté perpendiculairement au premier.
A la verticale du transistor, on vient déposer un
filtre de couleur noire. La raison est simple :
au-dessus du transistor, on ne contrôle pas la
tension par rapport à l’électrode commune, elle
dépend de la tension de la ligne de donnée qui peut
changer même si on n’adresse pas ce pixel en
particulier. On a donc tout intérêt à masquer cette
zone mal définie pour éviter des désagréments à
l’utilisateur.
b) Avantages et
inconvénients
Doué
pour l’informatique

La technologie LCD est clairement un
atout pour les applications informatiques. C’est par
là qu’elle a pu émerger et s’ouvrir à de nouveaux
domaines applicatifs. Les pixels peuvent être
produits en petite taille grâce au procédé
lithographique issu de l’industrie des
semi-conducteurs. Les moniteurs LCD informatiques
représentent aujourd’hui une alternative sérieuse
aux volumineux moniteurs cathodiques. Sous peu, ils
auront acquis un quasi monopole. On retrouve aussi
le LCD dans la quasi-totalité des applications
portables.
Globalement, les solutions à base de
LCD sont moins chères que les téléviseurs plasma
mais il faut naturellement compter avec les facteurs
du marché. En situation de pénurie de dalles, même
les technologies bon marché peuvent atteindre des
prix exorbitant. En terme de qualité d’image, le LCD
offre une luminosité supérieure à celle du
cathodique. Les pixels LCD ne scintillent pas, aussi
vous pourrez profiter d’une plus grande immersion
lors de l’utilisation.
La TV LCD apporte donc une stabilité
d’image exceptionnelle qui permet de s’approcher
sans pour autant fatiguer les yeux. De plus, la
luminosité est excellente et la netteté parfaite. Si
on ajoute hors pénurie un prix de production
raisonnable et un encombrement très réduit, le LCD a
de bons atouts.
Tout autant de problèmes

Malheureusement, les angles de
visions ne sont clairement pas encore au niveau de
ceux d’un plasma et encore moins d’un tube
cathodique. La lumière, créée au dos de la dalle,
doit passer à travers deux polariseurs avant
d’atteindre la surface du moniteur ce qui explique
le problème. Cela dit, les constructeurs ont fait de
réels progrès en ce sens et on n’est pas loin
d’angles acceptables pour une utilisation dans le
salon. Le contraste reste un cran en dessous du tube
et du plasma mais ce n’est pas vraiment un problème.
C’est surtout en terme de profondeur du noir que la
situation est la plus critique. Comme nous l’avons
vu, les pixels des dalles LCD sont des interrupteurs
à lumière et ces interrupteurs ne sont pas
parfaits : ils fuient. Donc même lorsque
l’interrupteur est ouvert (off), une quantité de
lumière non négligeable passe encore. C’est
naturellement encore un des gros atouts du plasma et
du tube cathodique face au LCD : noir égal pas de
lumière du tout.
Enfin, avec une résolution native
élevée et tant qu’on n’est pas passé à la HD, il
faut interpoler l’image TV et vidéo. Les TV LCD le
font plus ou moins mal avec évidemment plus de
difficultés au fur et à mesure que la taille
grandit. Tous les constructeurs travaillent sur ce
point et certains affichent des résultats
acceptables sur des 26 pouces. Actuellement, aucune
interpolation ne nous a vraiment convaincu. Mais, il
est certain qu’avec l’avènement de la Haute
Définition, ce problème n’en sera plus un.
LCD :
les applications
Le domaine où le LCD règne en maître
incontesté de l’écran plat est bien entendu celui du
monde informatique. Les moniteurs LCD sont désormais
utilisables dans la plupart des applications telles
que le jeu, la bureautique ou la retouche d’image.
Pour les téléviseurs, c’est une autre histoire.
Certes le LCD est en retrait face au plasma mais il
reste aussi meilleur marché et disponible dans des
diagonales plus raisonnables. Mais en terme de
qualité vidéo absolue, le plasma est indétrônable,
car il offre notamment une qualité de noir
équivalente à celle d’un CRT, des angles de visions
exceptionnels et une richesse chromatique sans
égale. Cependant, les LCD comblent petit à petit le
retard avec des technologies sans cesse affinées.

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